AccueilLibo Figueira  |  Acte I : « J’ai toujours rêvé de prendre un bain avec mon lapin. » Quatre-vingts centimètres par an, c’est ce qu’ils prévoyaient au commencement. Quatre-vingts pauvres petits centimètres d’eau salée qui mettraient des années à nous submerger. Réchauffement climatique.Mais ça ne s’est pas passé comme ça, oh non. Il ne leur a pas fallu longtemps aux pseudo scientifiques pour tirer la sonnette d’alarme et indiquer que les prévisions étaient fausses et viraient plutôt vers les quatre mètres. Il leur a fallu encore moins de temps pour hurler qu’on allait tous mourir. Non, mais vraiment.Fin du monde. Apocalypse. Hurlements. Désespoir. Suicide. Femmes se jetant nues dans les profondeurs de l’enfer. Hystérie.Et bien même pas non. En réalité, personne n’a bougé.Nous vivions dans un monde d’inconscients doublé d’imbéciles, entourés de machines qui réfléchissaient à notre place. Et qui faisaient le café, accessoirement.Les pluies se sont intensifiées, les glaces ont définitivement fondu, les raz-de-marée se sont enchaînés et tout a vraiment commencé. Etats rayés de la carte, folie et immigrations massives ont été notre quotidien. Personne n’y a échappé. En fait, ils n’y croyaient pas vraiment, bercés d’illusions, ils étaient vraiment persuadés qu’un miracle allait les sauver. Un peu comme les promesses présidentielles. Bref.Certains, plus intelligents que la moyenne ont tenté d’apprivoiser la mer, construisant des bateaux de pacotille, mais le vorace océan a bientôt eu fait de les briser contre les anciens buildings qui dépassaient encore. Ciels de plomb, éclairs titanesques, mer sauvage et mortelle, une fin du monde digne du dernier Spielberg ( il y est passé lui tiens ).Bon, toujours est-il que les scientifiques sont restés bouche bée devant l’erreur de leurs calculs, que les vieux fous ont pu maudire leurs ancêtres et que les voyantes ont adoré se coudre les lèvres plutôt que d’annoncer ce qu’elles prévoyaient.Mais comme chaque fois que l’humanité va sombrer dans une crise, un groupe d’élu se détache. Oui, Darwin, sélection naturelle, on connaît tous la routine. Ceux qui sont amenés à survivre. Ceux qui ont la chance d’avoir quelque chose entre les oreilles. Non non, pas seulement des grands super héros musclés, Spielberg c’est fini là, ça comprend aussi les femmes, les vieux, les enfants et les handicapés. Euh, d’après Darwin, peut-être pas les handicapés après tout.Bref, ils ont eu la fameuse de refaire Noé mais version sous-marine. Oui oui sous l’eau. Hommes, femmes, chiens, chats, enfants et poussins, le tout dans une boite de conserve. Et ils sont restés immergés looooongtemps. Trop longtemps.Quand ils ont enfin pu refaire surface, la crise était terminée et il ne restait plus rien. De l’eau, de l’eau, de l’eau. A perte de vue.Et une île. Une seule.C’est ainsi qu’est née Kenatka.Ce que je n’ai pas dit, c’est que pendant le voyage sous la mer, il s’est passé quelque chose d’assez… étrange. On a muté, disons les choses franchement. En fait, c’est un changement qui avait commencé avant, il y a bien longtemps mais qui était passé relativement inaperçu. Des enfants naissaient avec la faculté de rester un long moment en apnée, ou encore avec des doigts surnuméraires. Sauf, qu’évidemment, la science qualifiait ça d’erreurs génétiques, de malformations et les affublait de noms imprononçables. Polydactylie, syndrome de détresse respiratoire du nouveau né. Sottises.Aujourd’hui on sait exactement ce qui s’est passé : remaniement chromosomique, changement de configuration, délétion des barrières inter-espèces. Reproduction possible. Oui, vous avez compris, nous pouvions nous reproduire avec les animaux. Et c’est ce qui s’est évidemment passé. Erk.Etrangement, nous avions des affinités avec une seule espèce et tout se passait avec elle, plutôt bien d’ailleurs. Allez comprendre.En échange de ça, les enfants nés de ces unions ont eu la capacité de se métamorphoser selon des règles strictes en l’animal qu’était un de leurs parents. Mi-homme, mi-bête en quelque sorte. Fun.Mais rassurez-vous, aujourd’hui nous nous sommes parfaitement adaptés, nous les générations futures, et nous avons bâti Kenatka avec nos petites mains. Et comble du bonheur, la reproduction est redevenue spécifique. Par choix cette fois.Avec les générations, nous avons gardé la capacité de nous métamorphoser mais l’importance de ce « pouvoir » a diminué avec le temps. Aujourd’hui nous ne sommes pas capables de garder forme animale plus de deux heures et une fois que notre humanité a repris le dessus, nous devons nous contenter de cet aspect pour un moment. C’est un peu compliqué à gérer, mais ça reste sympa, avouez-le. Acte II : « Et aujourd’hui ? Je ne prends plus de bain. » Et bien aujourd’hui, Kenatka voit naître les petits-enfants des petits-enfants […] des derniers survivants et il n’y a plus que les vieux fous pour parler de l’ancien temps. Tous les habitants de l’île maîtrisent leur capacité animale et c’est devenu courant de voir une femme se changer en loutre en pleine rue, même si les gens essayent de se gérer un maximum. Bien sur, il y a toujours des imbéciles pour jouer les malins. Enfin si ça les éclate de se balader avec des ailes de poulet à la place des bras, hein.La société a évolué, s’implantant et développant Kenatka en une gigantesque ville s’approvisionnant dans une ancienne réserve de boites de conserves. Dixit les experts, c’est une source qui est loin d’être épuisée, aussi nous sommes sauvés. Original oui.Il a fallu peu de temps pour qu’un gouverneur apparaisse, chef sacré, porteur de la bonne parole, bla bla bla, l’homme a besoin d’être gouverné. Aujourd’hui le grand patron, c’est Narcisse Croix-Noblet, aussi teigneux qu’intelligent et c’est pas peu dire. Cet homme « merveilleux », dieu le bénisse, travaillait en étroite collaboration avec Libo Figueira, marin de son état, amiral de la flotte. Pour être étroite, leur collaboration elle était réellement étroite, on dit même qu’ils passaient plus de temps dans la chambre de Croix-Noblet que dans la salle de conférence. Bref. A eux deux, ils dominaient terre et mer.Jusque là tout était beau, rose, enfin presque, tout ça jusqu’au jour où Narcisse s’est « trompé » de lit. Oui, il ne portait pas son nom pour rien lui, et il avait décidé qu’il pouvait très bien aller voir ailleurs. Erreur de jeunesse ou non, l’histoire ne le dit pas, mais étrangement cela n’a pas plu au Capitaine Libo. Je vous passe la crise, mais sachez que le palais a tremblé sur ses fondations ce soir là. Deux heures plus tard, Libo méritait son prénom, Liberdade, et mettait les voiles et claquant la porte du palais derrière lui. Et le lendemain matin, aux premières heures, le navire de l’ex amiral Libo portait le drapeau des pirates et attaquait le palais du gouverneur. C’est aussi simplement qu’a commencé la confrontation entre les deux hommes et les clans qui les suivaient. Et ça continue toujours. L’amour est aveugle vous dis-je.Parallèlement à ça, une troisième puissance est née sur l’île, moins officielle et beaucoup plus vicieuse. Il s’agit d’un groupe de femmes. Talons aiguilles, maquillage aveuglant, corsets, démarche féline et à leur tête Saga Szymanowska. Messieurs, arriver dans leur lit ne sera pas bien difficile, au contraire elles vous y inviteront, mais en ressortir ça sera une autre affaire. Surtout quand un poignard est planté entre vos côtes. Catins et assassines, que demander de plus, je vous le demande.En tout cas, lorsque vous aurez envie de mener vos pas dans les ruelles de la basse ville, faites attention à vous. C’est un conseil.Voilà la situation actuelle sur Kenatka. Une île, de l’eau, des Hommes capables de prendre la forme d’animaux. Trois clans et à leur tête trois personnalités terriblement intelligentes. Ou des fous, à vous de voir. Une guerre officielle menée par la belle idée de l’amour fidèle et une officieuse qui vous fera découvrir les joies de la réalité.A vous de faire vos jeux maintenant.Vous n’aurez pas droit à l’erreur, alors choisissez bien. Saga Szymanowska  | Narcisse Croix-Noblet  |
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